Voler les idées des autres, ça fait partie du deal créatif 

Des idées, tout le monde peut en avoir. Et ce n'est pas tant les idées qui comptent. Que leur mise en exécution...

Vous avez certainement déjà vécu cette situation : vous êtes à un dîner et l’un de vos amis vous explique qu’il a une super idée qui va révolutionner le marché, que c’est de la dynamite, qu’il va devenir riche, etc. Vous le revoyez 6 mois plus tard, et il a de nouveau une autre idée qui va le rendre millionnaire et qui va cartonner-c’est-sur. Et un an plus tard, il tient encore le même discours… 

Nous avons tous dans notre entourage ce genre de personnalité qui parle beaucoup, qui a certainement beaucoup d’idées, mais qui ne trouve pas le temps ou l’énergie pour les développer. 

Ce n’est pas tant sa formulation qui compte, que sa mise en réalisation. 

Cette situation, que j'évoque à chaque fois dans une formation intrapreneuriat, illustre bien où se situe la richesse d’une idée : ce n’est pas tant sa formulation qui compte, que sa mise en réalisation. Et si vous êtes un jour dans ce dîner où vous l’entendez exposer à nouveau l’une de ses idées révolutionnaires – et qu’elle vous plaît – n’hésitez pas à « voler » cette idée, ou du moins à vous inspirer, si vous vous sentez capable – contrairement à lui – de passer à l’action et de la développer. 

Vous avez des états d’âmes ? Proposez-lui un petit quelque chose dans votre nouvelle entreprise. C’est une œuvre d’art ? Ne culpabilisez pas trop : sachez qu’entre l’idée de départ et celle qui finira par finir sur une toile il y a un gouffre. Son idée a des chances d’être modifiées 100x par votre travail et sa confrontation avec le réel !

« Ideas are shit, execution is the game » 

« Ideas are shit, execution is the game » dit le célèbre Gary V. Autrement dit, les idées ne valent rien. Seule compte la capacité à les transformer en réalité. Probablement l'un des plus grands enseignements de toute formation intrapreneur.  

Avoir des idées, ce n'est pas ce qui fait le créatif ou l'intrapreneur. 

Cela fait une énorme différence : la créativité appartient non pas uniquement à celui qui a les idées, mais aussi à celui qui sait les capter et les transformer. Une innovation, c'est même une idée transformée en business. Une exemple ? Le cas Facebook, tel qu’il est souvent présenté, notamment dans le film « The Facebook » : on voit Mark Zukerberg s’inspirer très fortement de l’idée d’un réseau social pour l’université de Harvard qui lui est soufflée par les frères Winklevosses. Ces derniers lui avaient demandé de travailler pour eux. Zukerberg aurait « volé » leur idée puisqu’il l’aurait développé à son unique profit. Certes. Que les faits soient avérés ou non, Zukerberg restera comme celui qui a développé Facebook. Et c’est peut-être ce qui compte le plus. 

Dans le processus d'innovation et créativité, il en va de même : il est certes très positif d’avoir des milliers d’idées à la seconde, mais il vaut mieux être capable d’en développer quelques-unes. Cela nécessite du travail, beaucoup de travail. 

Le phénomène des grappes d'innovation

Il y a aussi un autre phénomène : voler une idée périphérique. L’économiste Joseph Schumpeter parle de « grappes d’innovations » lorsqu’une innovation majeure marque une rupture suffisante pour en essaimer d’autres. De l’invention de la roue à la nanotechnologie en passant par l’imprimerie, l’innovation révolutionnaire a toujours été suivie d’une multitude de progrès techniques … parfois récupérés par d’autres. C’est ainsi que James Watt, qui a perfectionné la machine à vapeur, se faisait un malin plaisir de breveter des inventions périphériques dont il n’était pas l’auteur, mais qui l’intéressaient, afin de se les approprier ! 

Si vous ne « volez » pas des idées, c’est quelqu’un qui risque de vous volez les vôtres

Dans son livre Steal Like an Artist, et sur son blog, l’auteur Austin Kleon démontre qu’une idée est rarement originale et qu’elle est souvent le croisement de plusieurs sources C'est une forme d'idéation collaborative, un point essentiel à la créativité dans l entreprise. En soi chaque idée ne vaut rien, mais c'est le cumul des idées collectives qui peut commencer à devenir quelque chose. Un point essentiel quand on parle d'intrapreneuriat. 

Austin Kleon invite ses lecteurs à «volez des idées» et à les «garder pour plus tard», à les poser noir sur blanc dans un carnet. Vous savez maintenant ce qui vous reste à faire : commencer par acheter un carnet.